jeudi 13 novembre 2014

Le cycliste du dimanche, Louis.

J'ai rencontré Louis lors d'une sortie du groupe Vélo 101 au mois de mai dernier. 
J'ai découvert un personnage passionnée par l'effort en endurance, qui à pratiqué de multiples sports dans sa longue vie. J'ai retenu que Louis est une race d'athlète peu commune, c'est à la fois un marcheur qui pratique la marche athlétique au sein du club ASM Bar-le-duc, et un cycliste spécialisé dans l'ultra endurance ! Et cette année, ce bonhomme s'est payé le luxe de participer à quatre épreuves mythiques en l'espace de quelques mois... ça m'a laissé pantois, et je pense que je ne serai plus le seul quand vous aurez lu son portrait... 
La potion magique de Louis serait-elle la tarte à la myrtille ?

Je m'appelle Louis, Thiriot, 64 ans, chauffeur de bus et chauffeur routier à la retraite, je vis entre la Meuse et Metz. J'ai un vélo Cannondale / EVO équipé Campa record, roues Rsys, gps polar CS 600 et V800. Le maximum de kilomètres que j'ai parcouru à vélo, 
c'est en 2013 : plus de 15000 kilomètres.

- Souvenirs d'enfances lié au sport ou au vélo ?
Je me souvient  avoir fait à 18 ans, en mai 1968, pendant la grève des trains, le trajet 
Metz-Nancy aller/retour à vélo pour suivre mes cours et au retour j'ai dormi dans le fossé tant j'étais épuisé !
Mon premier vélo de course, je me le suis payé à 16 ans en travaillant deux mois pendant les vacances chez un grossiste en boissons.
Le suivant m'a été offert par mon club de rugby, à 34 ans, pour bons et loyaux services 
au sein de ce club pendant 12 ans.

- Fais-tu de la compétition et si oui, fais-tu partie d'un club ? 
Après avoir fait les principales cyclosportives sur les grands parcours : les Bosses du 13, la Marmotte, la Flèche Lorraine, la Louis Pasteur, la Claudio Chiappuci, je fais surtout des compétitions de marche athlétique. Je suis licencié au club de l'ASM Bar-le-Duc.En fait, je me suis mis à la marche, il y trois ans, suite à un accident grave à vélo, j'ai chuté lourdement et me suis déplacé les cervicales. Le destin me fait souvent ce signe dans ma vie de sportif, un blessure entraîne la découverte d'un autre sport : blessé au rugbyje découvre le triathlon, blessé à vélo je me lance dans la marche athlétique...

- Un moment fort vécu lors d'une randonnée, une course, un raid...
Il y en a plusieurs de ces moments forts, et cette année tout particulièrement. Le 1er et le 2 mars, à Bourges je remporte le deux fois 6h00 de marche avec plus de 104 kilomètres, j'ai réussi à battre le vainqueur de Paris-Colmar 2013 ce qui accentue 
ma performance ! Sinon, le 27 avril à Dijon, une deuxième victoire sur le 6h00, 
avec plus de 56 kilomètres, et tout cela à 64 ans !
Cette année, le Raid Extrême Vosgien (REV) reste un grand moment (que Louis 
va développer ci-dessous)… Sinon, les 28h00 de Roubaix, où je finis 5e avec 
215,489 kilomètres. C'est une grosse satisfaction d'y être parvenu. Même dans mes rêves les plus fous, jamais je ne pensais faire aussi bien. Mon objectif était de terminer, 
voire d' améliorer mon premier 24h00 de parvenir au 178 kilomètres, mais j'ai dépassé les 200 kilomètres en 28h00, ce qui m'à permis d'obtenir ma qualification pour le Paris-Colmar 2015.
Quand je remonte en arrière dans ma carrière de sportif j'aimerais évoquer le Triathlon, en janvier 1985, suite à un reportage sur les championnats du monde de Triathlon à Nice que j'ai vu de mon lit d'hôpital après avoir eu le poignet cassé à un entraînement de rugby, je suis tellement émerveillé par cette épreuve que je décide de laisser le rugby de côté, et mets toute mon énergie sur ces trois disciplines (natation, vélo et course à pied) 
afin de réussir mon challenge pour l'année prochaine.
En octobre 1986, soit vingt mois après, je termine en 7h29 mn et me classe 263e 
sur 1166 participants au triathlon de Nice. N'étant pas nageur, en ayant perdu 18 kilos… j'étais content de mon résultat ! Je suis bien sûr sorti dans les derniers de la Baie des anges après 3000 mètres de natation en 1 heure, mais quel plaisir de rattraper huit cent concurrents sur le vélo, sur ces 120 kilomètres et ses 3 cols en 3 heures 37 minutes avant de gérer mes 32 kilomètres de course à pied entre Nice et Cannes en 2 heures 44 minutes, au total je fini en 7h21. (en effet cette année là, les distances n'étaient pas les même que maintenant, pour l'anecdote ce triathlon fut remporté par Mark Allen en 5h46).
50 km marche, 11 novembre 2011 à BAR-LE DUC

- Tes points faibles, ce que tu voudrais améliorer 
A vélo, je ne sais pas mouliner, je travaille trop en force.

- Tes points forts ?
 Mon endurance, ma ténacité, je ne lâche rien.

- Une course, un défi, un parcours mythique que tu aimerais réaliser
J'aimerai faire un duathlon avec 50 kilomètres de marche athlétique suivi de 180 kilomètres vélo. En 2015, comme j'ai acquis 
ma qualification pour le Paris-Colmar 2015, j'aimerais réussir à rejoindre Colmar.

- Une course, un défi, un parcours mythique que tu as  déjà réalisé...
Le Raid Extrême Vosgien un ultra raid à vélo, malgré le peu de kilomètres que j'avais dans les jambes :  4700 kilomètres de route dont 1800 de Home-Trainer
Après avoir abandonné lors de l'édition précédente, je décide cette année, de participer au petit Raid Extrême Vosgien, "TI-REV" (le grand parcours fait 600 kilomètres) en solo et sans assistance, soit 420 kilomètres et plus de 7000 mètres de dénivelé. 
Au départ, à 10h40, Samedi matin sous une pluie fine je m'habille en conséquence avec des manchettes et un coupe-vent. 
La première difficulté, le col des Chevrères ( 9% de moyenne sur 4 kms dont 11% sur 2 kms ), est assez pentu avec des passage à 19%. Je rattrape deux concurrents partis dix minutes avant moi. Le deuxième col, le Ballon d'Alsace par Giromagny, le côté le plus facile. 
Au sommet, contrôle et ravitaillement, je ne reste que sept minutes et engouffre une bonne tarte à la myrtille !
En descendant vers Le Thillot, une forte pluie m'accompagne durant deux heures jusqu'à ce que j'arrive au sommet du col du Bramont". Sur la route des Crêtes, au troisième point de contrôle j'en profite pour me changer. Je me réchauffe car je suis transi ! je repars au bout de trente minutes. 
J'arrive au col du Calvaire et je me ravitaille, soupe, pâtes et une tarte à la myrtille. 
Je me change complètement (on pouvait donner au départ des sacs avec des affaires personnelles qui pouvait être déposé à des endroits prévus à cet effet). J'ajoute un coupe-vent réfléchissant en prévision de la nuit tombante et des jambières que je garderai jusqu'à l'arrivée. Je prend la route du col de la Schlucht et descend sur Munster.
A 21h30, je commence l'ascension du col de Platzerwasel. J'allume mes feux de positions. Je suis surpris par la difficulté de ce col : aucun replat sur 12 km, avec mon "34x29" et mon faible entraînements en montagne j'arrive péniblement au sommet. Je retrouve la route des Crêtes, monte le Grand Ballon avant de descendre dur le col d'Amic.
Au cinquième ravitaillement, je suis accueilli "comme un roi" étant le seul à me présenter. Une bonne soupe, des pâtes, une tarte aux Myrtilles et un café, je repars après 30 minutes de pose vers Wattwiller
Je fais une boucle qui me ramène au point de contrôle précédent. 
Le col du Hundsruck avec 310 km dans les jambes ça commence à être dur. Masevaux, Sewen, j'attaque mon deuxième Ballon d'Alsace. J'ai des crampes dans les derniers kilomètres d'ascension qui m'obligent à m'arrêter. Je marche dans l'espoir de chasser le mal sur une dizaine de kilomètres en alternant déplacement sur le vélo et à pied. Enfin j'arrive au sommet et redescend sur Plancher les Mines au dernier point de contrôle/ravitaillement à 5h du matin. Café au lait, pain au chocolat, couverture sur les jambes durant 30 minutes et je repars.
Le ballon de Servance se présente devant moi, après 370 kilomètres les crampes me reprennent. J'alterne marche et vélo. Au sommet je me laisse descendre sur Luxeuil
Dans la descente de Faucogney, je chute, à cause de l'usure de mes cales ! Je n'ai pas trop de mal et fini les quinze derniers kilomètres comme je peux. Je franchis la ligne d'arrivée le premier ! Il est 8h40, Au total j'ai roulé 22h00 ! C'est ma première victoire à vélo !
Nous étions que six au départ sur ce "TI - REV". Je relativise ma victoire car les meilleurs étaient sur le 600 km.  Finalement j'ai réalisé mon pari à 64 ans !

- En prenant de l'âge en quoi cela t'apporte-t-il de l'expérience dans ta pratique du vélo ?
Avec l'âge, on est un plus attentif dans les descentes, on appréhende plus vite les dangers.

- Comment aménages-tu tes temps d'entrainements avec ta vie professionnelle, familiale…?
Pour ma part, je n'ai plus, en tant que retraité, de problèmes d'aménagements de mon temps pour mes entraînements et mes compétitions. J'essaie d'associer ma femme, par exemple à me ravitailler lors de mes épreuves de marche.






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